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Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/121

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En d’autres termes, vouloir lutter contre l’air en étant plus léger que l’air, c’est folie.

À la plume — levior vento, si le physicien laisse parler le poète, — à la plume vous aurez beau ajuster et adapter tous les systèmes possibles, si ingénieux qu’ils soient, d’agrès, palettes, ailes, rémiges, roues, gouvernails, voiles et contre-voiles, — vous ne ferrez jamais que le vent n’emporte pas du coup ensemble, au moment de sa fantaisie, plume et agrès.

Le ballon, qui offre à la prise de l’air un volume de 600 à 1 200 mètres cubes d’un gaz de dix à quinze fois plus léger que l’air, le ballon est à jamais frappé d’incapacité native de lutte contre le moindre courant, quelle que soit l’annexe en force motrice de résistance que vous lui dispensiez.

De par sa constitution et de par le milieu qui le porte et le pousse à son gré, il lui est à jamais interdit d’être vaisseau : il est né bouée et restera bouée.

La plus simple démonstration arithmétique suffit pour établir irréfragablement, non seulement l’inanité de l’aérostat contre la pression du vent, mais dès lors au point de vue de la navigation aérienne, sa nocuité.

Étant donnés le poids qu’enlève chaque mètre cube de gaz et la quotité de mètres cubés par votre ballon d’une part et, d’autre part, la force de pression du vent dans ses moindres vitesses, établissez la différence — et concluez.

Il faut reconnaître enfin que, quelle que soit la forme que vous donniez à votre aérostat, sphérique, conique, cylindrique ou plane, que vous en fassiez une boule ou un poisson, de quelque façon que vous distribuiez sa force ascensionnelle en une, deux ou quatre sphères, de quelque attirail, je le répète, que vous l’attifiez, vous ne pourrez jamais faire que 1, je suppose, égale 20, — et que les ballons soient vis-à-vis de la navigation