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Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/212

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Notre-Dame ou un vaisseau de guerre avec sa mâture, n’a rien qui doive étonner. Dans l’air, ce n’est pas la place qui manque, et M. Pétin a eu raison d’en user largement. En augmentant ainsi le poids de son navire, il accroît sa force de résistance contre les courants d’air horizontaux, et, d’ailleurs, ne sait-on pas que le même vent qui fait chavirer une nacelle n’émeut seulement pas un navire à trois ponts ? La proportion gigantesque du navire de M. Pétin est donc une garantie de sécurité. Le mouvement se fait au moyen d’un centre de gravité et d’une rupture d’équilibre aux extrémités. Jusqu’à présent, on n’avait pas trouvé pour les ballons ce centre de gravité et voilà pourquoi toute marche était impossible. Il existait pourtant, et le mérite de M. Pétin est d’avoir su le trouver. Ce point d’appui, il se l’est procuré, par un moyen d’une simplicité extrême. Il a établi sur le second pont de son navire, dans l’endroit que laissent libre les ballons, de vastes châssis posés horizontalement et garnis de toiles à peu près comme des ailes de moulin à vent. Ces châssis se remploient à volonté. Les ailerons se ramènent sur les ailes aisément et rapidement, de manière à offrir plus ou moins de résistance dans l’ascension et la descente, selon les mouvements qu’on veut produire. Au centre de ce plancher mobile sont disposés parallèlement, car la nature procède toujours ainsi, deux demi-globes fixés sur leurs bords et libres de se gonfler dans un sens ou dans l’autre. Lorsqu’on monte, l’air s’engouffre dans leur cavité et les arrondit par sa pression, qui est immense comme on sait. Les deux demi-sphères décrivent un arc renversé du côté de la terre, et retardent cette force d’ascension verticale qui opère par éloignement de la circonférence et dans le sens du rayon.

Lorsqu’on se rapproche de la terre, les deux globes se retournent, prennent l’apparence de coupoles et ralentissent la descente. Tout à l’heure le point d’appui était au-dessus de l’appareil, maintenant il est au-