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Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/77

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teur. Ainsi, toutes proportions gardées, elle n’est pas la 1/92e partie de celle que l’oiseau dépense pour se soutenir dans l’air. Si l’homme était le maître de dépenser, dans un temps aussi court qu’il le voula quantité de travail qu’il dépense ordinairement en huit heures, on trouve qu’il pourrait chaque jour se soutenir dans l’air pendant cinq minutes ; mais, comme il est fort éloigné d’avoir cette faculté, il est évident qu’il ne pourrait se soutenir que pendant un temps beaucoup moindre, ce qui ne serait sans doute qu’une portion très petite d’une minute. Ces rapprochements montrent à quel point les tentatives faites dans la vue de rendre l’homme capable de voler étaient chimériques. « L’idée du vol ne pouvait être réalisée, dit Navier, que dans des êtres poétiques, auxquels on attribuait un caractère divin, et par conséquent des forces sans limites et une vigueur inépuisable. »

Nous ajouterions ici que les calculs de Navier n’avaient pour point de départ aucune expérience, et qu’il est souvent facile de les réfuter. Navier, par exemple, s’est cru autorisé à admettre que dix-sept hirondelles dépenseraient le travail d’un cheval-vapeur !… « Autant vaudrait, dit spirituellement M. Bertrand, prouver par le calcul que les oiseaux ne peuvent pas voler, ce qui ne laisserait pas d’être compromettant pour les mathématiques. »

En terminant son rapport, Navier dit cependant que la création d’un art de la navigation aérienne est subordonnée à la découverte d’un nouveau moteur dont l’action comporterait un appareil beau-