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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/27

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On oubliait vite ces insuccès. Comme il arrive souvent, la voix de la foule, vox populi, ne se trompait pas en chantant les louanges de l’art nouveau qui venait d’accroître la liste des inventions humaines. Cette grande voix, en acclamant les Montgolfier, les Charles et les Pilâtre de Rozier, faisait entendre au monde que la conquête de l’air était accomplie.

Mais cette conquête qui avait exigé les efforts du génie, la persévérance de l’inventeur et l’audace de l’explorateur, devait être aussi consacrée par le sang des martyrs.

C’est Pilâtre de Rozier qui, le premier, inscrivit son nom sur cette longue liste des victimes de la navigation aérienne. Ce jeune physicien, plein d’ardeur et plein de force, avait annoncé qu’il allait franchir la Manche, dans un appareil formé d’un ballon à gaz au-dessous duquel était placé un aérostat cylindrique gonflé d’air chaud. L’éclatant succès de Blanchard qui venait de traverser le Pas-de-Calais en ballon, excita Pilâtre à s’élever de Boulogne, le 15 juin 1785, en compagnie d’un de ses assistants nommé Romain. On ne sait pas quelle fut au juste la cause de l’épouvantable catastrophe qui eut lieu ; on s’est demandé d’abord si le feu avait pris au ballon à gaz, ou si la soupape supérieure se brisa ; quoi qu’il en soit, quand l’appareil se fut élevé à quelques centaines de