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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/49

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temps de leur esquif, et le ballon, allégé de leur poids, disparaît seul dans la nue[1] (fig. 46). — Ils se trouvent ainsi sans vivres, sans couvertures, dans un pays inconnu, où nuls vestiges d’habitations humaines ne s’offrent aux regards. Auraient-ils échappé au naufrage océanique pour avoir à braver le trépas qui attend l’explorateur au milieu de pays déserts et glacés ? Les aéronautes descendent la montagne escarpée, traversent la forêt qui l’environne et rencontrent une cabane abandonnée où ils passent la nuit. Le lendemain, après de nouveaux voyages, ils aperçoivent un bûcheron, qui parle une langue inconnue ; mais ils sont conduits dans un village, où un paysan qui sait le français, leur explique le mot de l’énigme. Ils apprennent enfin où le vent les a jetés.

Je regrette de ne pouvoir m’arrêter plus longtemps sur un drame si émouvant dont M. Rolier a bien voulu me faire lui-même le récit. Je ne puis cependant me dispenser de faire connaître le magnifique et touchant accueil que les Norvégiens réservèrent aux voyageurs du siège de Paris. Quand les aéronautes arrivèrent à Christiania, la ville toute entière fut soulevée par l’enthousiasme. C’étaient des dîners, des fêtes, des ovations sans

  1. L’aérostat de M. Rolier a été retrouvé plus tard, avec toutes les dépêches de Paris, à quarante lieues du mont Lid.