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Page:Tissot - La Capucinière, ou le bijou enlevé à la course, 1820.djvu/54

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La Capucinière.

Un tel minois, avec son pucelage,
Est un ragoût dont je suis fort friand.
J’en veux tâter. Allons, ma belle enfant,
Sans plus tarder, mettons-nous à l’ouvrage.
Si notre Saint se fâche de cela,
Ma foi tant pis, il se défâchera.
Impunément vous ne serez pucelle. »
Il dit, et vole où son ardeur l’appelle.

Mais père Albin, qui voyait son projet,
Frémit de honte ; il l’arrête, et lui crie :
« — Modérez-vous, mon frère, je vous prie ;
Ce doux bijou m’appartient, comme on sait.
— Eh pourquoi donc n’en faites-vous pas usage ?
Ce n’est pas là, (vous l’avez entendu),
Ce n’est pas là de ce fruit défendu
Qui perdit Ève à la fleur de son âge.
Servez-vous-en, je n’y toucherai pas.
Mais gardons-nous de laisser sans culture
De votre Églé les innocens appas ;
Car ce serait outrager la Nature,
Et mériter les vengeances du Ciel. »