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Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/395

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esprit de conciliation, et afin de faciliter l’acte d’Union, consentirent à se tracer des limites et abandonnèrent à la confédération tout le territoire qui pouvait se trouver au-delà[1].

Depuis cette époque, le gouvernement fédéral est devenu propriétaire de tout le terrain inculte qui se rencontre en dehors des treize États primitivement confédérés. C’est lui qui se charge de le diviser et de le vendre, et l’argent qui en revient est versé exclusivement dans le trésor de l’Union. A l’aide de ce revenu, le gouvernement fédéral achète aux Indiens leurs terres, ouvre des routes dans les nouveaux districts, et y facilite de tout son pouvoir le développement rapide de la société.

Or, il est arrivé que dans ces mêmes déserts cédés jadis par les habitants des bords de l’Atlantique se sont formés avec le temps de nouveaux États. Le Congrès a continué à vendre, au profit de la nation tout entière, les terres incultes que ces États renferment encore dans leur sein. Mais aujourd’hui ceux-ci prétendent qu’une fois constitués, ils doivent avoir le droit exclusif d’appliquer le produit de ces ventes à leur propre usage. Les réclamations étant devenues de plus en plus menaçantes, le Congrès crut devoir enlever à l’Union une partie des privilèges dont elle avait joui jusqu’alors, et à la fin

  1. Le premier acte de cession eut lieu de la part de l’État de New York en 1780 ; la Virginie, le Massachusetts, le Connecticut, la Caroline du Sud, la Caroline du Nord, suivirent cet exemple à différentes périodes, la Géorgie fut la dernière ; son acte de cession ne remonte qu’à 1802.