Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/146

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sa main à Vronskï. Il serra eette petite main et se réjouit, comme d’une faveur toute particulière, de la forte poignée de main qu’elle lui donna. Elle sortit d’un pas rapide et la légèreté de son allure offrait un singulier contraste avec la prestance majestueuse de sa personne.

— Charmante, dit la comtesse.

C’était également l’opinion de Vronskï. Il la suivit des yeux jusqu’au moment où disparut sa gracieuse silhouette, et le sourire s’arrêta sur son visage. Par la portière, il la vit s’approcher de son frère, poser sa main sur la sienne et lui parler avec animation ; évidemment la conversation roulait sur un sujet qui lui était tout à fait étranger ; il en éprouva un vif dépit.

— Eh bien, maman ? Vous êtes tout à fait bien portante ? répéta-t-il en s’adressant à sa mère.

— Tout va à merveille. Alexandre est charmant et Marie est devenue très belle ; elle est très intéressante.

Et de nouveau elle se mit à parler de ce qui l’occupait le plus : le baptême de son petit-fils, cause de son voyage à Pétersbourg, et la faveur particulière de l’empereur pour son fils aîné.

— Voici Laurent ! dit Vronskï en regardant par la portière. Voulez-vous que nous partions maintenant ?

Le vieux domestique qui voyageait avec la comtesse vint dans la voiture annoncer que tout était prêt et celle-ci se leva pour sortir.