Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/198

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deau du travail et sont placés dans une telle situation qu’ayant beau travailler ils ne peuvent s’élever au-dessus de l’état d’animal. Tous les gains avec lesquels ils pourraient améliorer leur situation, se donner des loisirs et s’instruire, tout le superflu de salaire leur est enlevé par les capitalistes. Et la société est ainsi formée que plus ils travaillent, plus les patrons s’enrichissent, tandis qu’eux restent pour toujours des bêtes de somme. Et il faut changer cet état de choses ! conclut-il en regardant son frère d’un air interrogateur.

— Oui, sans doute, opina Constantin, regardant fixement la rougeur qui montait aux pommettes des joues de son frère.

— Et voilà, nous organisons un artel de quincailliers, où tous les produits, les gains et les outils de travail seront communs.

— Où sera cet artel ? demanda Constantin.

— Au village Vosdremo, dans la province de Kazan.

— Mais pourquoi dans un village ? Il me semble qu’à la campagne il y a, sans cela, beaucoup à faire. Pourquoi un artel de quincaillerie au village ?

— Parce que les paysans sont toujours aussi esclaves qu’auparavant, et c’est pourquoi il vous est désagréable, à vous et à Serge Ivanovitch, qu’on veuille les tirer de cet esclavage, dit Nicolas Lévine agacé par l’objection.

Constantin Lévine soupira en regardant la