Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/239

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XXXII

La première personne que rencontra Anna à la maison fut son fils. Il se précipita vers elle dans l’escalier, malgré les cris de sa gouvernante, et se mit à appeler, tout joyeux : Maman ! maman ! enfin l’ayant jointe, il lui sauta au cou.

— Je vous disais bien que c’était maman ! Je le savais ! criait-il à la gouvernante.

De même que le mari, l’enfant éveilla en Anna une sorte de désenchantement. Elle se l’était imaginé mieux qu’il n’était réellement, elle devait descendre jusqu’à la réalité pour éprouver de la joie à le voir tel qu’il était. Mais néanmoins, tel quel, il était charmant avec ses boucles blondes, ses yeux bleus, ses petites jambes rondes, gracieuses, dans les bas bien tirés. Anna ressentait une sorte de plaisir physique à se trouver près de lui et à recevoir ses caresses ; elle retrouva tout son calme quand elle rencontra son regard naïf, confiant,