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XII

Les premiers temps qui suivirent son retour de Moscou, chaque fois qu’il arrivait à Lévine, tremblant et rougissant, de se rappeler la honte du refus, il se disait : « Il m’est arrivé déjà de rougir et de trembler ; et j’ai cru tout perdu lorsque j’ai pensé rester au deuxième cours, pour avoir été mal noté en physique. Je me suis également cru perdu quand j’ai gâté l’affaire de ma sœur qui m’était confiée. Eh bien ! maintenant que des années sont passées, quand j’évoque ces souvenirs, je m’étonne d’avoir pu m’attrister pour cela. Il en sera de même pour cette douleur. Le temps passera, et j’oublierai. »

Cependant, après trois mois, il n’était pas encore devenu indifférent à son chagrin et il lui était pénible comme au premier jour d’y songer. Il ne pouvait en prendre son parti. Lui qui avait rêvé si longtemps à la vie de famille, pour laquelle il se