Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/436

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nécessaire pour ses dépenses. Avec sa faculté habituelle de se dominer, dès qu’il songea à sa femme, il ne s’attarda pas à cette pensée.

Alexis Alexandrovitch avait été très occupé toute la matinée. La veille, la comtesse Lydia Ivanovna lui avait envoyé une brochure d’un célèbre voyageur en Chine, actuellement à Pétersbourg, avec une lettre lui demandant de recevoir lui-même le voyageur, qu’elle lui signalait comme un homme très intéressant et pouvant être utile. Alexis Alexandrovitch n’avait pas eu le temps de lire la brochure le soir et il l’avait achevée le matin. Ensuite étaient venus les solliciteurs ordinaires, puis les rapports, les réceptions, les nominations, les démissions, la distribution des récompenses, des pensions, des salaires, la correspondance. Cette besogne de chaque jour, comme l’appelait Alexis Alexandrovitch, lui prenait beaucoup de temps. C’étaient ensuite ses affaires personnelles, les visites de son médecin et de son gérant. Le gérant ne prit pas beaucoup de temps. Il remit seulement l’argent nécessaire à Alexis Alexandrovitch et rendit un compte très bref de l’étal des affaires, qui n’étaient pas des plus prospères : cette année-là, par suite des fréquentes sorties et des dépenses plus grandes, il y avait un déficit. Mais le docteur, le célèbre médecin de Pétersbourg, qui était en relations amicales avec Alexis Alexandrovitch, lui prit beaucoup de temps. Il ne l’attendait pas ce