Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/448

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très naturel pour l’enfant de sauter, pour lui il était naturel de parler.

Il disait :

— Le danger dans les courses de cavalerie est la condition nécessaire. Si l’Angleterre peut citer dans son histoire militaire les actes les plus brillants de la cavalerie, c’est exclusivement pour avoir développé cette force des bêtes et des hommes. Les sports, selon moi, ont une grande importance, et comme toujours nous n’en voyons que le côté superficiel.

— Pas si superficiel que cela, dit la princesse Tverskaia. On dit qu’un officier s’est cassé deux côtes.

Alexis Alexandrovitch sourit de son sourire sans expression qui découvrait seulement les dents.

— Si vous voulez, prineesse, ce n’est pas superficiel, mais intérieur… Mais il ne s’agit pas de cela.

Et de nouveau il s’adressa au général avec qui il causait sérieusement :

— N’oubliez pas que ce sont des militaires qui courent, des hommes qui ont choisi cette carrière, et avouez que dans chaque profession il y a le revers de la médaille ; cela rentre tout simplement dans les devoirs militaires. Le sport hideux de la boxe ou la tauromachie sont des signes de barbarie, mais le sport spécialisé est, au contraire, un indice de développement.

— Non, je n’y reviendrai plus, cela m’émeut trop, dit la princesse Betsy. N’est-ce pas, Anna ?