Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieure, mystérieuse, liée à une série de belles pensées et de sentiments, à laquelle non seulement on pouvait croire, parce que c’était ordonné, mais qu’on pouvait aimer. Kitty n’apprit point tout cela par des paroles. Madame Stahl causait avec elle comme avec une charmante enfant qu’on admire comme un souvenir de sa propre jeunesse ; une fois seulement elle mentionna que dans toutes les douleurs humaines, la consolation est donnée par l’amour et la foi, ajoutant que pour le Christ compatissant il n’existe pas de douleur minime ; et aussitôt, elle passa à un autre sujet. Mais, dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses regards, « célestes », comme disait Kitty, et surtout dans toute l’histoire de sa vie qu’elle connaissait par Varenka, elle apprenait « ce qui était important », et qu’elle ignorait jusqu’ici.

Mais si élevé que fût le caractère de madame Stahl, si touchante que fût son histoire, si digne et si tendre que fût sa parole, Kitty remarquait en elle des traits qui l’étonnaient. Elle remarquait qu’en parlant de ses parents, madame Stahl avait un sourire méprisant, ce qui était contraire à la bonté chrétienne. Elle remarquait encore, quand elle rencontrait chez madame Stahl un prêtre catholique, que celle-ci tenait soigneusement son visage dans l’ombre de l’abat-jour et souriait d’une façon particulière. Si peu graves