Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/66

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— Peut-être, répondit tristement Lévine.

— Ah ! tu sais, Nicolas est de nouveau ici.

Nicolas était le frère de même père et mère que Constantin Lévine, et le frère utérin de Serge Ivanovitch. C’était un homme perdu, ayant dissipé la plus grande partie de sa fortune ; il fréquentait une société des plus étranges et des plus corrompues, et était en mauvais termes avec son frère.

— Que dis-tu ? s’écria Lévine avec effroi. Comment sais-tu cela ?

— Prokofi l’a aperçu dans la rue.

— Ici… à Moscou ? Où demeure-t-il ? Le sais-tu ?

Lévine se leva de sa chaise, comme pour se préparer à partir aussitôt.

— Je regrette de t’avoir dit cela, dit Serge Ivanovitch, en hochant la tête à la vue de l’émotion de son frère cadet. Je me suis enquis de sa demeure et lui ai envoyé son billet à ordre au nom de Troubine, que j’avais payé. Et voici ce qu’il m’a répondu. — Serge Ivanovitch tendit à son frère un billet qu’il prit sous un presse-papiers.

Lévine lut le billet tracé de cette écriture étrange qu’il connaissait. « Je demande instamment qu’on me laisse tranquille. C’est la seule chose que je réclame de mes chers petits frères ! N. L. »

Lévine, sans lever la tête, le billet à la main, était debout devant Serge Ivanovitch.

Le désir d’oublier son malheureux frère luttait