Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/284

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chez moi, chaque fois, puisque j’avais un bon appartement.

On me répondit qu’on travaillerait à tour de rôle, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et où ce serait plus près. La première réunion eut lieu chez Zoukhine. C’était dans une petite chambre, derrière une cloison, dans une grande maison du boulevard Troubnoï. Au premier rendez-vous, je fus en retard, et quand j’arrivai, c’était déjà commencé. La petite chambre était tout enfumée, et même du tabac de la plus mauvaise qualité, que fumait Zoukhine. Sur la table, il y avait une bouteille d’eau de vie, un petit verre, du pain, du sel et un os de mouton.

Zoukhine, sans se lever, m’invita à boire de l’eau-de-vie et à enlever mon veston.

— Je pense que vous n’êtes pas habitué à tel festin, — ajouta-t-il.

Tous étaient en chemises de coton, sales, et en plastrons. Voulant ne pas montrer mon mépris pour eux, j’ôtai mon veston, et, comme mes camarades, m’allongeai sur le divan. En ne jetant que rarement les yeux sur le cahier, Zoukhine lisait, les autres l’interrompaient par des questions et il leur répondait par des explications courtes, intelligentes, précises. Je me mis à écouter, et, comprenant peu de choses, parce que je ne savais pas ce qui précédait, je posai une question.

— Eh ! mon cher, mais vous ne pouvez pas suivre