Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/80

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Sémenov s’arrêta, cligna des yeux, et montra ses dents blanches, comme s’il était gêné par le soleil, mais en réalité pour témoigner de son indifférence à l’égard de ma drojki et de mon uniforme ; il me regarda en silence et s’éloigna.

Du Pont des Maréchaux je me rendis à la confiserie de la rue Tverskaia, et malgré le prétexte que dans la confiserie, les journaux surtout m’intéressaient, je ne pus me retenir et commençai à avaler un gâteau après l’autre. Malgré la honte que j’éprouvais devant un monsieur qui, derrière son journal, me regardait avec curiosité, je mangeai très rapidement huit gâteaux de toutes les sortes qui étaient dans la confiserie.

En arrivant à la maison, je sentis une petite aigreur, mais je n’y fis pas attention et me mis à regarder mes emplettes ; le tableau me déplut tellement, que non seulement je ne le fis pas encadrer et ne le mis pas dans ma chambre, comme Volodia, mais que même je le cachai très soigneusement derrière la commode, où personne ne pouvait le voir. À la maison, le porte-crayon me déplut aussi ; je le mis dans la table, en me consolant toutefois à la pensée que c’était un objet d’argent, solide, et, pour un étudiant, très utile. Je résolus d’essayer immédiatement les appareils de fumeur.

Ouvrant le paquet, je remplis soigneusement la pipe de Stamboul avec le tabac Sultan jaune rou-