Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, je n’aime pas cela — continua sévèrement le monsieur à moustaches en jetant un coup d’œil rapide sur le monsieur sans moustaches, comme pour l’inviter à admirer comme il allait m’arranger. — Je n’aime pas, monsieur, je n’aime pas les impolis qui viennent vous fumer sous le nez.

Je compris aussitôt que ce monsieur me faisait une réprimande et au premier moment, je me crus très coupable envers lui.

— Je ne pensais pas que cela pût vous gêner — dis-je.

— Et vous ne pensiez pas être un mal élevé, et moi je le pense — cria le monsieur.

— De quel droit vous permettez-vous de crier — dis-je me sentant offensé, et commençant moi-même à me fâcher.

— Du droit que je ne permettrai jamais à personne de me manquer, et que je redresserai toujours à un gaillard tel que vous. Quel est votre nom, monsieur, et où habitez-vous ?

J’étais très surexcité, mes lèvres tremblaient, la respiration me manquait. Mais cependant je me sentis probablement coupable d’avoir bu trop de champagne, et je n’injuriai nullement le monsieur, mais au contraire, mes lèvres de la façon la plus soumise prononcèrent notre nom et notre adresse.

— Mon nom est Kolpikov, monsieur, et désormais soyez plus poli. Vous aurez de mes nouvelles,