Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/170

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pas ce qui vous arrivera ? Vous aurez beau fuir le danger, protéger votre vie matérielle par tous les moyens imaginables, malgré tout, si ce n’est Pilate, c’est une tour qui vous tuera, et, si ce n’est ni l’un ni l’autre, vous mourrez dans votre lit dans des souffrances bien plus grandes.

Faites un simple calcul, comme celui que font les gens du monde, quand ils projettent quelque chose, une entreprise quelconque, la construction d’une maison ou l’achat d’une campagne, par exemple.

Luc, xiv, 28-31 : Car qui est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’asseye premièrement et ne calcule la dépense, pour voir s’il a de quoi l’achever ; (29) de peur qu’après qu’il en aura posé les fondements, et qu’il n’aura pu achever, tous ceux qui le verront ne viennent à se moquer de lui, (30) et ne disent : Cet homme a commencé à bâtir et n’a pu achever ? (31) Ou qui est le roi qui, marchant pour livrer bataille à un autre roi, ne s’asseye premièrement, et ne consulte s’il pourra avec dix mille hommes aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ?

Quoi de plus insensé, en effet, que de travailler à ce qui ne sera jamais terminé, quoi qu’on fasse. La mort arrivera toujours avant que soit achevée l’édification de la tour de ton bonheur de ce monde. Et si tu sais d’avance que, quoi que tu fasses pour lutter avec la mort, ce n’est pas toi,