Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/223

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La doctrine de Christ, d’après les interprétations de l’Église, devient, pour les gens du monde une règle de vie qui rend meilleur, pour ceux-ci une destinée en laquelle il suffit de croire pour être sauvé tout en continuant à mal vivre, et, pour les moines, la science de se rendre l’existence plus dure.

Mais Christ n’enseigne pas cela.

Christ enseigne la vérité, et si la vérité métaphysique est la vérité, elle le demeurera dans la réalité. Si la vie en Dieu est la seule vraie vie, bienheureuse en elle-même, elle l’est aussi ici-bas malgré tous les hasards de l’existence. Si la vie d’ici-bas ne confirme pas la doctrine de Christ sur la vie, alors cette doctrine n’est pas la vérité.

Christ n’invite pas à passer du mieux au pire, au contraire, — du mal au mieux. Il a pitié des hommes pareils à des brebis égarées qui périssent loin du berger, et il leur promet un berger et un bon pâturage. Il dit que ses disciples seront persécutés pour sa doctrine et qu’ils doivent endurer et supporter avec fermeté les persécutions du monde. Mais il ne dit pas qu’en suivant sa doctrine ils souffriront davantage qu’en suivant celle du monde ; au contraire, il dit que ceux qui suivront la doctrine du monde seront malheureux et que ceux qui suivront sa doctrine seront bienheureux.

Christ enseigne non le salut par la foi ou par l’ascétisme, c’est-à-dire par des chimères ou par