Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/150

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l’eau, ni la lune, ni l’habit, ni la bêche, ni la charrue, ni la machine avec quoi travaille l’artel ne peuvent appartenir à personne sauf à ceux qui jouissent des rayons du soleil, qui respirent l’air, qui boivent l’eau, qui mangent le pain, qui couvrent leur corps et travaillent avec la bêche ou la machine, parce que tout cela n’est nécessaire qu’à ceux qui l’emploient. Quand les hommes agissent ainsi, nous voyons tous qu’ils agissent comme il convient aux hommes, c’est-à-dire sagement. Ainsi en observant les relations économiques des hommes je ne vois pas que la division en trois facteurs de production soit propre aux hommes, je vois au contraire qu’elle ne leur est pas propre et qu’elle n’est pas raisonnable. Mais cette division en trois facteurs n’a peut-être lieu que dans les sociétés humaines primitives ; avec l’augmentation de la population et le développement de la culture n’est-elle pas inévitable ? S’est-elle réalisée dans la société européenne et ne pouvons-nous pas admettre ce fait accompli ? Voyons s’il en est ainsi.

On nous dit que dans la société européenne la division des facteurs de production est déjà accomplie, c’est-à-dire que les uns possèdent la terre, d’autres les instruments de travail ; les troisièmes sont privés de la terre et des instruments de travail. L’ouvrier est privé de la terre et des instruments de travail. Nous sommes si habitués à cette affirmation que sa bizarrerie ne nous frappe pas ; mais