Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/152

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lieu à l’autre, d’autres à qui on a enlevé les instruments de travail et qu’on force de travailler, avec les instruments des autres, des objets qui leur sont inutiles, mais cela ne signifie pas que ce soit la condition de la production. Cela signifie qu’il y a des cas où le droit naturel de production est violé. Si l’on prend comme facteur de production tout ce qu’on peut, par force, prendre à un ouvrier, alors, pourquoi ne point considérer comme un facteur de production les prétentions qu’on peut avoir sur la personne d’un esclave ? Pourquoi ne pas considérer comme de pareils facteurs les prétentions sur les rayons du soleil, l’air, l’eau ? Il peut en paraître un qui détourne l’eau de la rivière dans un étang et empoisonne l’eau. Il peut paraître un homme qui considère un autre comme sa propriété ; mais même si l’une ou l’autre prétention se réalisait par la force, elle ne saurait être admise comme base de la division des facteurs de production. C’est pourquoi il est aussi injuste de reconnaître le droit imaginaire sur la terre, les instruments de travail, comme facteur particulier de production, que de considérer le droit imaginaire sur la jouissance des rayons solaires, de l’air, de l’eau, de la personne d’un autre homme comme le facteur particulier de production. Il peut exister des gens qui prétendent avoir le droit sur la terre et les instruments de travail de l’ouvrier, comme il existait des gens ayant des pré-