Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/207

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parce que l’exigence des impôts gouvernementaux et fonciers les y forcent. C’est tellement évident que si le gouvernement essayait pendant une année de ne pas exiger d’impôts directs, indirects et fonciers, tous les travaux des champs et des fabriques s’arrêteraient. Les neuf dixièmes du peuple russe se louent pendant la perception des impôts et au prix des impôts.

Les trois moyens d’asservissement des hommes n’ont jamais cessé d’être et existent encore mais les hommes sont enclins à ne les pas remarquer dès qu’on leur donne de nouvelles justifications. Et, chose étrange, ce moyen, sur lequel, en ce moment donné, tout est basé — cette vis qui tient tout — est précisément celui qu’on ne remarque pas.

Dans l’antiquité, quand tout l’état économique s’appuyait sur l’esclavage personnel, les plus grands esprits ne pouvaient l’apercevoir. Il semblait à Xénophon, à Platon, à Aristote, et aux Romains que ce ne pouvait être autrement et que l’esclavage était le résultat inévitable et naturel des guerres sans quoi ne peut exister l’humanité. De même au moyen âge et jusqu’aux temps modernes, les hommes n’ont pas vu l’importance de la propriété foncière et l’esclavage qui en découle et sur quoi se basait tout l’état économique du moyen âge. De même maintenant, personne ne voit ni ne veut voir que l’asservissement de la