Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/245

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toute la semaine précédente, elle n’avait pas travaillé et avait gêné tout le monde par sa toux, surtout la vieille qui ne sortait pas non plus. Depuis quatre jours la logeuse avait donné congé à la blanchisseuse. Elle devait déjà soixante kopeks, elle ne les payait pas, il n’y avait guère d’espoir de les recevoir ; de plus, toutes les planches étaient occupées et les locataires se plaignaient de sa toux. Quand la logeuse signifia le congé de la blanchisseuse, lui disant de partir puisqu’elle ne payait pas, la vieille, tout heureuse, poussa la blanchisseuse dans la cour. La femme partit, mais une heure après, elle revint et la propriétaire n’eut pas le courage de la chasser de nouveau. Deux, trois jours se passèrent, la maîtresse ne la chassait pas. « Où irais-je ? » disait la blanchisseuse. Mais le troisième jour l’amant de la logeuse, un homme de Moscou qui connaissait tous les règlements, alla chercher l’agent. Celui-ci, avec sabre et pistolet sur un cordon rouge, vint au logis, et poliment conduisit la blanchisseuse dans la rue.

C’était en mars, par un jour ensoleillé mais froid. Les ruisseaux coulaient, les portiers cassaient la glace, les traîneaux de place sautaient sur la neige durcie et grinçaient sur les pierres. La blanchisseuse, se dirigeant du côté du soleil, arriva à l’Église ; elle s’assit sur les marches du péristyle, au soleil. Mais quand le soleil commença à disparaître derrière les maisons, que les flaques d’eau se cou-