Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/275

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Russie, si nous examinons toute l’humanité ou une petite partie : l’antiquité et l’état nomade, ou notre temps avec les moteurs à vapeur, les machines à coudre, la lumière électrique, l’agriculture perfectionnée, nous verrons la même chose. Nous verrons que les gens, malgré un travail incessant et excessif, ne peuvent acquérir, pour eux, pour leurs parents et leurs vieillards, l’habit, le toit, la nourriture, et qu’une grande partie de ces gens, maintenant, comme autrefois, périt faute de moyens de vivre et par l’excès du travail accompli pour les acquérir.

N’importe où nous vivions, si nous traçons autour de nous un cercle de cent mille, de mille, de dix verstes, d’une verste et si nous examinons la vie de ces hommes que notre cercle embrasse, nous y verrons des enfants rachitiques, des vieillards, des femmes en couches malades et faibles qui manquent de nourriture et de repos et par cela meurent prématurément. Nous verrons des gens dans la force de l’âge, tués par des travaux dangereux et nuisibles. Depuis que le monde existe, nous voyons que les hommes, avec un effort pénible, avec les privations, les souffrances, luttent contre la misère générale et ne peuvent la vaincre. Nous savons en outre que chacun de nous vit et, qu’il vive n’importe comment, volens nolens, chaque jour consomme une partie du travail produit par l’humanité. Où et de quelque façon qu’il vive, la maison, l’abri ne se sont pas