Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/335

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Les hommes qui agissent ainsi se guident par leur raison, par leur conscience, et c’est pourquoi tous les hommes doués de raison et de conscience affirment qu’une pareille division du travail est régulière. Mais s’il arrivait que le forgeron eût la possibilité de forcer d’autres gens à travailler pour lui et continuât à préparer des fers, quand c’est inutile, et le précepteur à enseigner, quand il n’y a personne à instruire, alors, il serait évident pour chaque homme c’est-à-dire doué de raison et de conscience, que ce ne serait pas la division, mais l’accaparement du travail, car une telle activité s’écarterait du seul signe par quoi l’on peut reconnaître la régularité de la division du travail : la demande de ce travail par les autres et sa récompense librement proposée. Cependant, c’est précisément une telle activité que la théorie scientifique appelle division du travail.

Les hommes font ce que personne ne pense à leur demander et ils exigent qu’on les nourrisse pour ce travail, et ils disent que c’est juste parce que c’est la division du travail.

Ce qui cause le principal d’entre les maux sociaux, et même ailleurs que chez nous, c’est l’administration, le nombre incalculable de fonctionnaires. Ce qui fait la cause du mal économique de notre temps, ce que les Anglais appellent overproduction (le fait qu’on a fabriqué une masse d’objets qu’on ne sait où mettre et qui ne sont utiles à