Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/377

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l’activité d’un petit groupe de gens, qui s’appellent des savants et des artistes, qui ont le monopole de ces occupations et, à cause de cela, ont dénaturé les conceptions de la science et de l’art et ont perdu le sens de leur vocation et maintenant ne sont occupés que d’une chose : amuser et sortir de l’ennui pénible un petit cercle de fainéants.

Depuis que les hommes existent, ils ont eu la science dans son sens le plus simple et le plus large : la science, dans le sens de tout le savoir de l’humanité fut et sera toujours ; sans elle on ne peut se représenter la vie ; il n’y a aucun besoin de l’attaquer ou de la défendre.

Mais le domaine de ce savoir est si varié, il y entre tant de connaissances de toutes sortes, depuis la science de fabriquer le fer jusqu’à celle de connaître le mouvement des étoiles, que l’homme s’y perd s’il n’a pas de fil conducteur avec quoi il puisse décider lesquelles de ces connaissances lui sont plus ou moins importantes.

C’est pourquoi la sagesse suprême des hommes consiste toujours à trouver ce fil conducteur d’après lequel doivent être disposées les connaissances humaines : lesquelles sont plus importantes, lesquelles le sont moins.

Et ce savoir qui guide toutes les autres connaissances, les hommes l’appellent toujours la science au sens étroit du mot. Une pareille science existe