Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/379

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périence intérieure, l’expérience et le choix des sciences et des arts ne peuvent exister sans le souci de ce qui est la destination et le bien de l’homme.

C’est pourquoi l’étude des sciences ne peut exister, car il y a une quantité incalculable d’objets des sciences. — Je souligne le mot « incalculable » car je le prends dans son sens littéral.

Si l’on ne sait pas en quoi consistent la destination et le bien des hommes, toutes les autres sciences et arts deviennent ce qu’ils sont devenus chez nous, des amusements stériles et nuisibles. L’humanité ne vécut jamais sans la science de ce qui est la destination et le bien des hommes. Il est vrai que pour un observateur superficiel la science et le bien des hommes semblent différer chez Bouddah, Brahma, chez les Hébreux, les Chrétiens, les Confuciens, les Taosistes (bien qu’il suffise de pénétrer ces doctrines pour voir qu’elles ont même essence).

Néanmoins chez tous les peuples sortis de l’état sauvage, que nous connaissons, nous trouvons cette science ; or, tout d’un coup il se trouve que les hommes de notre temps ont décidé que cette même science, qui jusqu’ici était la directrice de toutes les connaissances humaines, empêchait tout.

Les hommes bâtissent des maisons et un constructeur a fait un devis, un autre un deuxième, un troisième en a fait un aussi. Les devis diffèrent un