Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/383

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à tout ce que disaient les grands maîtres de l’humanité sur la raison et la conscience, considérer tout cela comme une bêtise et commencer tout du commencement. Et pour comprendre tout depuis le commencement, il vous faut regarder au microscope le mouvement des amibes et des cellules des vers intestinaux ou mieux, croire tout ce que vous diront les hommes avec garantie d’infaillibilité.

Ayant regardé les mouvements de ces amibes et cellules, ou lu ce qu’ont vu les autres, attribuez à ces cellules vos sentiments humains et vos calculs à ce qu’ils désirent, à ce à quoi ils aspirent, à quoi ils pensent, à quoi ils sont habitués, et de ces observations (dans lesquelles chaque mot est une erreur de la pensée ou des expressions), concluez, par analogie, qui vous êtes, quelle est votre destination, en quoi est votre bien et celui des cellules semblables à vous. Pour vous comprendre vous devez étudier non seulement les vers intestinaux que vous voyez, mais aussi des êtres microscopiques qu’on voit à peine et les transformations des êtres en d’autres, que personne n’a jamais vus et probablement ne verra jamais.

Il en va de même avec l’art. L’art, où existait la vraie science, était toujours l’expression de la connaissance de la destination et du bien de l’homme. Depuis que les hommes existent, de toute l’activité des expressions des connaissances