Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

papes, de même l’activité des Galilée, des Shakespeare, des Beethoven, n’a rien de commun avec celle des Tyndall, des Victor Hugo, des Wagner. De même que les saints pères renieraient toute parenté avec les papes, de même les savants d’autrefois renieraient toute parenté avec les savants d’aujourd’hui.

Et, deuxièmement, à la place que s’attribuent maintenant la science et l’art, nous avons une mesure très nette, donnée par la science elle-même, selon laquelle nous pouvons définir si elle correspond ou non à sa destination. C’est pourquoi nous pouvons décider, non pas arbitrairement, mais selon une mesure fixe, si l’activité qui s’appelle science est en droit ou non de s’appeler ainsi.

Quand les prêtres égyptiens ou grecs faisaient leurs cérémonies mystérieuses et disaient d’elles qu’elles renfermaient toute la science et l’art, on ne pouvait pas contrôler la réalité de leur science en se basant sur l’utilité qu’elle présentait pour le peuple, parce que, selon leur affirmation, leur science était surnaturelle. Mais maintenant nous tous avons une mesure claire et simple qui exclut tout surnaturel : la science et l’art promettent de remplir l’activité cérébrale de l’humanité pour le bien de la société, ou celui de toute l’humanité. C’est pourquoi nous avons le droit d’appeler science et art, seule l’activité qui aura ce but et l’atteindra.

Aussi, de quelque nom que s’intitulent les savants