Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/425

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choses seulement quand il sentira en soi la vocation irrefrénable pour un certain travail exclusif, que les autres hommes exigeront.

La qualité du travail est telle que la satisfaction de tous les besoins de l’homme exige cette même diversité des travaux, changement qui en fait une joie et non une peine. Seule cette croyance mensongère que le travail est une malédiction amena des hommes à s’affranchir d’un certain travail, c’est-à-dire à s’emparer du travail d’un autre, ce qui exige que d’autres hommes s’occupent par force d’un travail spécial : ce que nous appelons la division du travail.

Nous sommes si habitués à notre conception mensongère du travail qu’il nous semble qu’il vaudra mieux pour un cordonnier, un mécanicien, un écrivain ou un musicien, de se débarrasser du travail propre à l’homme.

Là où n’existera pas la violence exercée sur le travail d’autrui et la croyance mensongère en la joie de l’oisiveté, aucun homme, pour un travail spécial, ne s’affranchira du travail physique nécessaire à la satisfaction de ses besoins, parce que le travail spécial n’est pas un privilège mais un sacrifice que l’homme fait à ses goûts pour ses frères.

Le cordonnier de village qui se détache du travail habituel et joyeux des champs et s’en prive pour réparer ou faire des bottes au voisin, le fait seulement parce qu’il aime coudre, parce qu’il sait que