Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/446

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S’il a une charrue à vapeur, il laboure avec cette charrue, sinon, il labourera avec une charrue à cheval ; s’il n’en a pas, il prendra l’araire ; s’il n’a pas d’araire, il labourera avec une bêche et dans toutes ces conditions, il atteindra également son but : passer sa vie dans le travail utile aux hommes et en recevoir la pleine satisfaction.

Et la situation d’un homme pareil, par les conditions extérieures et intérieures, sera plus heureuse que celle de l’homme qui met toute la vie dans l’acquisition de la propriété.

Selon les conditions extérieures, un homme pareil ne sera jamais dans la misère parce que les hommes, en voyant son désir de travailler — de même qu’on ajoute le moulin à la force de l’eau — tâcheront toujours de faire son travail le plus productif, et que pour cela, on garantira son existence, ce qui ne se produit pas avec les hommes qui aspirent à la propriété.

Et la garantie des conditions matérielles, c’est tout ce qui est nécessaire à l’homme.

Selon les conditions intérieures, un pareil homme sera toujours plus heureux que celui qui cherche la propriété parce que ce dernier ne recevra jamais ce à quoi il aspire, et que le premier le recevra toujours selon ses forces : le faible, le vieux, le mourant, comme dit le proverbe, avec son alène dans la main, recevra la pleine satisfaction, l’amour et la compassion des hommes. Alors voilà