Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/505

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duire, allaiter, élever le plus grand nombre d’enfants, capables de travailler pour autrui, selon la conception du monde qu’elle a adoptée.

Et pour s’approprier la conception supérieure du monde il me semble qu’il n’est point besoin de fréquenter les cours. Il faut seulement lire l’Évangile, ne pas fermer ses yeux, ses oreilles et principalement son cœur.

Eh bien ! et celles qui n’ont pas d’enfants, qui ne sont pas mariées, ou les veuves ? Elles feront bien si elles participent au travail masculin multiforme. Mais on ne pourra point ne pas regretter qu’une arme précieuse comme la femme soit privée de la possibilité de remplir la grande destinée propre à elle seule. D’autant plus que chaque femme après avoir mis au monde des enfants, si elle a des forces, aura le temps de s’occuper de l’aide à autrui par le travail. L’aide des femmes dans ce travail est très précieuse, mais voir une jeune femme, prête pour la production d’enfants, s’occuper de travail masculin, c’est toujours pénible. C’est la même chose que voir la terre noire, très fertile, pleine de graviers pour les revues militaires ou pour la promenade. C’est encore plus triste, car cette terre pourrait seulement produire du blé et la femme pourrait mettre au monde, ce qui vaut plus que tout, ce que rien ne surpasse, des hommes. Et c’est elle seule qui peut le faire.