Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/101

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ment rapide elle dégagea sa main et s’éloigna de lui.

Arrivée au massif, elle cueillit deux branches de lilas blanc qui déjà commençait à passer, en frappa ses joues brûlantes et jeta en arrière un regard vers Nekhludov, puis, balançant vigoureusement ses bras, elle courut rejoindre les autres joueurs.

À partir de ce moment, les relations entre Nekhludov et Katucha se modifièrent ; leur situation devint désormais celle d’un jeune garçon et d’une jeune fille, tous deux innocents et naïfs, mais qui se sentent attirés l’un vers l’autre.

Aussitôt que Katucha pénétrait dans la chambre où il se trouvait, ou si même il apercevait de loin son tablier blanc, tout s’ensoleillait pour Nekhludov, tout lui semblait plus intéressant, plus agréable, plus important, la vie devenait plus joyeuse. Et il en était de même de son côté. Non seulement la présence ou l’approche de Katucha produisaient cet effet sur Nekhludov, mais la pensée seule qu’elle existait le comblait de bonheur ; de même que pour Katucha la pensée que Nekhludov existait la rendait heureuse. Si Nekhludov recevait une lettre de sa mère qui le chagrinait, s’il était mécontent de son travail ou ressentait quelque accès de vague tristesse, comme il arrive aux jeunes gens, il n’avait qu’à songer que Katucha existait, qu’il la verrait, et tout se dissipait.

Katucha avait beaucoup à faire dans la maison,