Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/197

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mines gênées de l’institutrice et du répétiteur, et, plus encore de ce pronom « le » par lequel Missy l’avait désigné… Nekhludov, quand il s’agissait de Missy, hésitait toujours entre deux sentiments : tantôt tout était beau en elle, puisqu’il la voyait comme en clignant des yeux ou comme au clair de lune, et elle lui semblait fraîche, belle, intelligente, naturelle… Tantôt, il la voyait comme sous les rayons éclatants du soleil, et il lui était impossible de ne pas remarquer ses imperfections. Et ce jour-là il était dans cette dernière disposition. Les rides de tout son visage, la marque du fer à friser dans ses cheveux, les os saillants de ses coudes, il voyait tout. Il était surtout frappé de la largeur de l’ongle de son grand doigt, qui lui rappelait l’ongle du même doigt de son père.

— Quel jeu assommant que ce lawn-tennis, — opina Kolossov ; — de notre temps le jeu de paume était bien plus gai.

— Mais non, vous ne le connaissez pas. Rien n’est plus follement entraînant, — répliqua Missy, et Nekhludov eut l’impression que Missy avait prononcé le mot « follement » avec une affectation particulière.

Une discussion, à laquelle prirent part Mikhaïl Serguéievitch et Catherine Alexéïevna, s’engagea. Seuls l’institutrice, le répétiteur et les enfants demeurèrent muets et visiblement ennuyés.

— Ils se disputent toujours ! — dit avec un rire