Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/250

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nable tout s’arrange, tout s’oublie, et la vie continue, dit Agrafena Petrovna d’un ton grave et sérieux. Et vous n’avez point à vous en accuser. J’ai entendu dire depuis, qu’elle était sortie du bon chemin, mais à qui la faute ?

— À moi. Et c’est à moi de l’y remettre.

— Ah ! ce sera difficile à réparer.

— C’est mon affaire. Mais si vous êtes en peine pour vous-même, je me hâte de vous dire que ma mère avait exprimé…

— Je ne suis pas en peine pour moi. La défunte m’a comblée de tant de bienfaits que je ne désire rien. La petite Elisabeth (c’était sa nièce, mariée) m’invite à venir auprès d’elle ; j’irai quand vous n’aurez plus besoin de moi. Mais vous avez tort de prendre cette affaire à cœur, de pareilles choses arrivent à tout le monde.

— Eh bien, moi, je pense autrement. Et, je vous en prie encore, aidez-moi à louer l’appartement et à me débarrasser des choses. Et ne m’en veuillez pas. Je vous suis très reconnaissant de tout ce que vous avez fait.

Chose étrange : depuis que Nekhludov avait compris qu’il était mauvais et devait éprouver du dégoût pour soi-même, les autres avaient cessé de lui paraître répugnants. Au contraire, il éprouvait pour Agrafena Petrovna et pour Korneï les plus affectueux sentiments. Il ressentit le désir de se repentir également devant Korneï, mais Korneï