Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/274

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avait, de ses doigts transis, frappé à la vitre. Mais, au même instant, le signal s’était fait entendre, le train s’était lentement ébranlé, d’abord en reculant, et les wagons avaient commencer à défiler, avec des heurts successifs. L’un des joueurs se leva, les cartes à la main, et regarda à travers la vitre. Mais à ce moment, le wagon devant lequel elle se trouvait s’ébranla, le train avança et elle se mit à le suivre en regardant la fenêtre. L’officier avait essayé de baisser la glace, sans y parvenir. Nekhludov se leva à son tour, écarta son camarade, et commença à faire descendre la vitre. Mais alors le train accéléra son allure et Katucha dut presser le pas. Le train roulait plus rapidement encore quand, la glace étant complètement abaissée, le conducteur écarta la jeune femme et sauta dans le wagon. Elle se mit à courir sur les planches mouillées du quai, arriva à l’extrémité et faillit tomber sur les marches qui reliaient le quai au sol. Elle courait toujours que déjà le wagon de première classe était loin. Ceux de deuxième, puis, plus rapidement, ceux de troisième classe passèrent devant elle, et elle ne s’arrêtait pas encore. Enfin le dernier wagon s’éloigna avec ses lanternes, et Katucha dépassa le réservoir d’eau. Le vent qui, à cet endroit, ne rencontrait plus d’obstacle, lui arracha son châle de la tête et lui plaqua sa jupe aux jambes. Son fichu envolé, Katucha courait toujours.

— Petite tante Mikhaïlovna ! lui cria la fillette qui