Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/385

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ses relations et de faire tout son possible pour obtenir la mise en liberté de Choustova, Une autre demande de Bogodoukhovskaia consistait à faire des démarches pour qu’un détenu de la forteresse Pierre-et-Paul, Gourévitch, fût autorisé à recevoir la visite de ses parents et à avoir les ouvrages scientifiques nécessaires pour ses études. Nekhludov promit d’essayer de réussir, dès son arrivée à Pétersbourg.

Quant à sa propre histoire, Véra Efremovna raconta qu’après avoir terminé ses études de sage-femme, elle s’était affiliée au parti de la liberté du peuple. Au début, tout avait bien marché ; on rédigeait des proclamations, on faisait de la propagande dans les fabriques ; mais un beau jour, la police avait arrêté un membre important du parti, saisi des papiers, et on s’était mis à emprisonner tout le monde.

— Je fus arrêtée également, et maintenant on me déporte… — dit-elle. — Mais ce n’est rien. Je me sens, à merveille, la sérénité olympienne, — ajouta-t-elle avec un sourire navré.

Nekhludov lui ayant demandé qui était la jeune fille aux yeux de brebis, Véra Efremovna répondit que c’était la fille d’un général, depuis longtemps affiliée au parti révolutionnaire, et qui avait été arrêtée parce qu’elle s’était déclarée coupable d’avoir tiré un coup de revolver sur un gendarme. Elle vivait dans le logement des conspirateurs où