Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renoncer à sa terre, comme il l’avait fait dix ans auparavant pour les deux cents déciatines lui venant de son père, ou bien, considérer comme erronées et fausses ses anciennes théories sur cette question.

Le premier de ces deux partis était inacceptable en fait, parce qu’il n’avait, sauf ses propriétés, aucun moyen d’existence. Il ne voulait pas reprendre du service, et l’accoutumance à une vie luxueuse n’était pas chose à laquelle il pût songer à renoncer. D’ailleurs ce sacrifice eût été sans doute inutile, Nekhludov ne se sentant plus ni la forte conviction nécessaire pour cette décision, ni la vanité et le désir d’étonner le monde qu’il avait eus dans sa jeunesse. Quant au second parti : oublier l’argumentation serrée et nette prouvant l’illégitimité de la possession individuelle de la terre — argumentation puisée dans le Social Statics de Spencer et dont il avait plus tard trouvé la brillante confirmation dans les œuvres de Henry George — il ne le pouvait pas.

Et c’est pourquoi la lettre de son intendant lui était désagréable.