Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/190

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— Vraiment, j’ai très peu d’argent, — dit Kozeltzov, qui évidemment, ne désirait pas trop qu’on le crût. Il se déboutonna et prit en mains les vieilles cartes.

— Essayons, que diable ! Je gagnerai peut-être. Ça arrive parfois. Vous savez, même le moucheron fait des merveilles. Seulement il faut boire un peu pour se donner du courage.

Et, en peu de temps, en buvant encore un petit verre d’eau-de-vie et un peu de porter, il perdait ses trois derniers roubles.

Au compte du petit officier en sueur étaient inscrits cent cinquante roubles.

— Non, je n’ai pas de veine ! — dit-il en préparant négligemment une nouvelle carte.

— Ayez l’obligeance de m’envoyer l’argent, — lui dit le banquier en s’arrêtant pour un moment de tailler et en le regardant.

— Permettez-moi de vous l’envoyer demain, — répondit l’officier en sueur, en se levant et en agitant longuement sa main dans sa poche vide.

— Hum ! grogna le banquier, et jetant avec fureur à droite et à gauche, il continua de partager la taille. — Je m’arrête. On ne peut jouer ainsi, Zakhar Ivanovitch, — ajouta-t-il. Nous jouons argent comptant et non à crédit.

— Douteriez-vous de moi ? C’est vraiment étrange ?

— De qui ai-je à recevoir de l’argent ? — mur-