Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/213

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Melnikov en se frottant et se grattant. Je sais que je ne serai pas tué d’une bombe.

— Alors, tu voudrais vivre ici ?

— Oui, je voudrais, c’est très amusant, — fit-il tout à coup, en éclatant de rire.

— Oh ! alors, il faut te prendre à la sortie. Veux-tu, je le dirai au général, — dit Volodia, bien qu’il ne connût ici aucun général.

— Comment donc ! Certainement. Je veux…

Et Melnikov se cacha derrière les autres.

— Allons, enfants, jouons aux cartes ; qui a des cartes ? — prononça sa voix oppressée.

Dans le coin le jeu commença bientôt. On entendait le bruit des coups sur le nez, les éclats de rire, l’annonce des atouts.

Volodia but le thé que lui prépara le tambour, régala ses artificiers, causa et plaisanta avec eux afin de se rendre populaire, très heureux du respect qu’on lui témoignait. Les soldats aussi, en remarquant la simplicité du chef, déliaient leurs langues. L’un racontait que le siège de Sébastopol prendrait fin bientôt, parce qu’un marin bien renseigné lui avait raconté que Constantin, frère du tzar, venait nous sauver avec la flotte « méricain », et que bientôt il y aurait un armistice de deux semaines avec le repos, et que si quelqu’un tirait alors, il paierait soixante-quinze kopeks d’amende par coup.

Vassine, que Volodia avait déjà remarqué, était