Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/222

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la poudre éclairés parfois des flammes rouges des coups. Sébastopol toujours le même, belle ville de fêtes, fière, bordée d’un côté de montagnes jaunes enfumées, et de l’autre par la mer bleu clair, qui brille au soleil, se voyait de l’autre côté de la baie. À l’horizon de la mer où l’on apercevait la ligne de fumée noire d’un bateau, grimpaient de longs nuages blancs, précurseurs du vent. Par toute la ligne de fortifications, surtout aux montagnes, du côté gauche, paraissaient des panaches de fumée épaisse, blanche, sans cesse éclairés par l’éclair qui brillait même dans la lumière de midi. Ces panaches s’élargissaient en prenant diverses formes, se soulevaient dans le ciel en colonnes sombres, les fumées se montraient ca et là : aux montagnes, sur les batteries de l’ennemi, dans la ville et haut dans le ciel. Les sons des coups ne s’arrêtaient pas et en roulant ébranlaient l’air…

Vers midi, les fumées se firent plus rares, l’air fut moins souvent ébranlé.

— Mais pourtant le deuxième bastion ne répond déjà plus — dit l’officier de hussards qui était à cheval. — Il est tout écrasé ! C’est terrible !

— Et Malakoff aussi, il me semble qu’à leurs trois coups n’a répondu qu’un seul, — ajouta celui qui observait à l’aide d’une lunette. — Ça me rend furieux ! Pourquoi se taisent-ils ? Voilà, ils tirent tout droit dans la batterie de Kornilov et elle ne répond pas !