Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/252

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veau à l’endroit où devait être sa poche. Il se leva, se rassit, et enfin, d’une voix toute changée, dit à Sch… :

— Ce n’est pas une plaisanterie, Nikolaï Ivanovitch ! Vous dites de telles choses devant des hommes qui ne me connaissent pas et me voient dans une pelisse usée… parce que… — sa voix s’entrecoupait, de nouveau les mains petites, rouges, aux ongles noirs s’agitèrent de la pelisse au visage, tantôt tourmentant la moustache, les cheveux, le nez ; tantôt frottant les yeux, ou grattant sans besoin les joues.

— Eh quoi ! Tout le monde sait ça ! mon vieux ! — continua Sch…, très content de sa plaisanterie, sans remarquer l’émotion de Gouskov.

Celui-ci marmonna encore quelque chose, et, le coude droit appuyé sur les genoux, la main jointe dans la position la moins naturelle, regardant Sch…, il se donna l’expression du sourire méprisant.

« Non, pensai-je fermement, en regardant ce sourire, non seulement je l’ai vu quelque part, mais je lui ai parlé ».

— Nous nous sommes rencontrés quelque part ? lui dis-je, quand, sous l’influence du silence général, le rire de Sch… commença à se calmer.

La physionomie mobile de Gouskov s’éclaira tout à coup, ses yeux, pour la première fois, avec une expression franche et gaie, se fixèrent sur moi.