Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/301

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vant : « Personne à qui emprunter ! » Un monsieur en pelisse d’ours passe dans une voiture, un agent de police stationne : « Que faire d’extraordinaire ? Tirer sur eux ? Non, c’est ennuyeux ! J’ai perdu ma jeunesse. Ah ! que voici de beaux harnais ! Ah, s’asseoir en troïka ! Eh vous, mes chéris ! J’irai à la maison. Loukhnov viendra bientôt, nous nous mettrons à jouer. » Il rentra à la maison, compta encore une fois l’argent. Non, la première fois, il ne s’était pas trompé : il manque toujours deux mille cinq cents roubles de l’argent du trésor. « Je mettrai vingt-cinq roubles au premier jeu ; au second le double sur sept enjeux, ensuite sur quinze, sur trente, sur soixante… trois mille. J’achèterai des colliers et m’en irai. Mais non, le brigand ne me laissera pas ! J’ai perdu ma jeunesse ! » Voilà ce qui se passait dans la tête du uhlan pendant que Loukhnov en personne entrait chez lui.

— Quoi ! Êtes-vous levé depuis longtemps, Mikhaïl Vassilievitch ? — demanda Loukhnov en ôtant lentement de son nez sec les lunettes d’or et les essuyant soigneusement avec un mouchoir de soie rouge.

— Non, je viens de me lever. J’ai dormi admirablement.

— Un hussard vient d’arriver. Il s’est arrêté chez Zavalchevskï… Vous n’avez pas entendu ?

— Non. Eh bien ! Il n’y a encore personne ?