Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/306

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III

Loukhnov approcha deux chandelles, tira un énorme portefeuille brun bien garni, et lentement, comme s’il accomplissait un rite, l’ouvrit sur la table, en tira deux billets de cent roubles et les mit sous les cartes.

— Comme hier il y a deux cents à la banque, — dit-il en rajustant ses lunettes et en ouvrant le paquet de cartes.

— Bon, — dit Iline sans le regarder, tout en causant avec Tourbine.

Le jeu commença. Loukhnov donnait les cartes régulièrement, comme une machine, s’arrêtait de temps en temps, inscrivait sans se presser, en regardant par-dessus ses lunettes, et prononçait d’une voix faible : « Envoyez ! » Le gros propriétaire parlait le plus haut de tous, en se faisant à haute voix diverses réflexions, et mouillait ses gros doigts épais en prenant les cartes. L’officier de la garni-