Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la société des nobles… Stiochka ! chante « La petite route ! »

Le cavalier aussi était gai, mais d’une autre façon. Il était assis sur le divan du coin, très près d’une grande et belle tzigane, Lubacha, et la fumée du vin lui brouillant la vue, il clignotait des yeux, agitait la tête et répétait les mêmes paroles. Tout bas, il l’excitait à fuir quelque part avec lui. Lubacha l’écoutait en souriant comme si ce qu’il lui disait était très gai et en même temps un peu triste. Elle jetait de temps en temps un regard sur son mari, le louche Sachka qui se tenait derrière une chaise en face d’elle, et en réponse à l’aveu d’amour du cavalier, elle s’inclinait vers son oreille et lui demandait de lui acheter en cachette, à l’insu des autres, des parfums et des rubans.

— Hourra ! — cria le cavalier quand le comte entra. Le joli jeune homme, d’un air soucieux, posément, à pas fermes, allait et venait dans la chambre en chantant les motifs de « La Révolte au Sérail. »

Un vieux père de famille entraîné chez les tziganes par les demandes pressantes des gentilshommes qui avaient déclaré que sans lui tout serait manqué et qu’alors il deviendrait inutile d’y aller, était allongé sur le divan où il était tombé aussitôt arrivé, et personne ne faisait la moindre attention à lui. Un fonctionnaire quelconque qui se trouvait ici, après avoir ôté son frac, s’était assis