Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lit, une table où se trouvaient des papiers, une pendule et des icônes devant lesquelles brûlait une veilleuse ; en regardant ces indices d’un home, et les grosses poutres du plafond, en écoutant les coups, qui du blindage, semblaient très faibles, Kalouguine ne pouvait absolument comprendre, comment, par deux fois, il s’était laissé aller à une faiblesse impardonnable. Il était fâché contre lui-même et désirait se trouver au danger pour s’éprouver de nouveau.

— Ah ! je suis heureux de vous trouver ici, capitaine ! — dit-il en s’adressant à un officier de marine en uniforme d’état-major, avec de grandes moustaches et la croix de Saint-Georges, et qui entrant à ce moment au blindage, demandait au général de lui donner des hommes pour réparer à sa batterie deux embrasures ensablées.

— Le général m’a ordonné de savoir, — continua Kalouguine quand le commandant de batterie eut cessé de parler au général, — si vos canons peuvent tirer à mitraille sur les tranchées ?

— Une seule pièce le peut, — répondit brusquement le capitaine.

— Quand même, allons voir.

Le capitaine fronça les sourcils et grommela :

— J’ai passé là-bas toute la nuit. Je venais pour me reposer un peu. Ne pouvez-vous pas y aller seul ? Là-bas, mon aide, le lieutenant Kartz vous montrera tout.