Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/112

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— Je pense souvent, c’est peut-être un péché — dit la princesse, mais je pense souvent, voilà le comte Kyril Vladimirovitch Bezoukhov qui vit seul… cette immense fortune… et pourquoi vit-il ? Pour lui, la vie est pénible, et pour Boris c’est le commencement de la vie.

— Il laissera probablement quelque chose à Boris — dit la comtesse.

— Dieu le sait, chère amie ; ces riches seigneurs sont si égoïstes. Mais, toutefois, j’irai chez lui avec Boris et je lui dirai franchement de quoi il s’agit. Qu’on pense de moi ce qu’on voudra, ça m’est égal, quand l’avenir de mon fils en dépend. — La princesse se leva. — Maintenant il est deux heures et vous dînez à quatre, j’aurai le temps d’être de retour.

Et avec les manières d’une dame affairée de Pétersbourg qui sait profiter du temps, Anna Mikhaïlovna envoya chercher son fils et avec lui sortit dans l’antichambre.

— Adieu, ma chère — dit-elle à la comtesse qui l’accompagna jusqu’à la porte. — Souhaite-moi le succès, — ajouta-t-elle à mi-voix pour que son fils ne l’entendît pas.

— Vous allez chez le prince Kyril Vladimirovitch, ma chère ? — dit le comte en sortant de la salle à manger dans l’antichambre. — S’il va mieux, invitez Pierre à dîner chez nous. Il m’a fait visite ; il dansait avec les enfants. Invitez-le absolument,