Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/286

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Schon fleissig ![1] — répondit Rostov avec le même sourire cordial qui ne quittait pas son visage animé. — Hoch Œstreicher ! Hoch Russen ! Kaiser Alexander hoch ![2] — dit-il à l’Allemand, répétant les paroles que le propriétaire prononçait souvent.

L’Allemand se mit à rire, sortit tout-à-fait de l’étable, ôta son bonnet et l’agita en criant :

Und die ganze Welt hoch ![3]

Rostov agita son képi comme l’Allemand et en riant cria :

« Und vivat die ganze Welt. » Bien qu’il n’y eût aucun motif particulier de joie ni pour l’Allemand qui nettoyait son étable, ni pour Rostov qui était allé chercher du fourrage avec la compagnie, ces deux hommes, avec un enthousiasme heureux, un amour fraternel, se regardaient l’un l’autre, agitaient la tête en signe d’affection réciproque, puis se séparèrent en souriant : l’Allemand retournant dans son étable et Rostov dans la chaumière qu’il habitait avec Denissov.

— Où est ton maître ? — demanda-t-il à Lavrouchka, le valet fripon de Denissov, connu de tout le régiment.

— Il n’est pas rentré, hier soir. Il a sans doute

  1. Déjà au travail !
  2. Vive l’Autriche ! Vive la Russie ! Vive l’empereur Alexandre !
  3. Et vive tout l’Univers !