Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/445

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Peut-être même était-ce en effet ? Pouvait-on discerner dans ce désordre ce qui était et ce qui n’était pas ?

— Je dois aussi faire observer à Votre Excellence, — continua-t-il en se rappelant la conversation de Dolokhov avec Koutouzov et sa dernière entrevue avec le dégradé, — que le soldat dégradé Dolokhov a, sous mes yeux, fait prisonnier un officier français et s’est particulièrement distingué.

— Ici, précisément, Votre Excellence, j’ai vu l’attaque du régiment de Pavlograd, — intervenait dans la conversation Jerkov, en regardant autour de lui avec inquiétude ; ce jour-là il n’avait pas vu du tout les hussards et n’avait seulement qu’entendu parler d’eux par un officier d’infanterie. — Ils ont écrasé deux carrés, Votre Excellence.

Quelques-uns sourirent aux paroles de Jerkov, croyant comme toujours qu’il plaisantait. Mais en remarquant que son récit tendait aussi à la gloire de nos armes et de cette journée, ils reprirent une expression sérieuse, bien que plusieurs sussent très bien que les dires de Jerkov étaient mensongers. Le prince Bagration s’adressa au vieux colonel.

— Je vous remercie tous, messieurs. Toutes les armes, infanterie, artillerie, cavalerie, ont agi héroïquement. Pourquoi au centre a-t-on abandonné deux canons ? — demanda-t-il en cherchant quelqu’un des yeux. (Le prince Bagration ne parlait